mardi 1 mars 2016

Slices au Caramel et à l’orange





Salut les galufreaux !

Alors, vous vous demandez sûrement d’où vient ce mot barbare.

Slice.

Ça sonne un peu tranchant, comme un couteau, mais en fait ça n’a rien de coupant, c’est même plutôt carrément doux et délicieux.

Ça nous vient d’Angleterre.

Ah l’Angleterre ! Le Pays du Roi Arthur, d’Ivanhoé, de Robin des bois, de Sherlock Holmes, de Miss Marple, de Doctor Who, de Sir Richard Francis Burton, Lord Greystoke alias Tarzan, et des Avengers (Attention, je ne parle pas des super héros mais de "Chapeau melon et bottes de cuir"... Ah Miss Peel !)... D’ailleurs, Miss Peel n’oubliait jamais de prendre son thé, et avec, des petits gâteaux... J’adore l’Angleterre !

Et donc, pour accompagner notre thé et faire venir Miss Peel, je vous propose aujourd’hui des Slices au caramel et à l’orange...



Les Français, peut-être à cause d’Azincourt, ou de Waterloo (les rancuniers), disent que les Anglais ne savent pas cuisiner et vouent, à la cuisine Grand-Bretonne, une sorte de dédain vaguement teinté d’un mépris aristocratique... Après tout, les Anglais ont peut-être eu Wellington, mais nous, nous avons eu Vatel ...

Et pourtant... Pourtant les Anglais ont, à l’heure du thé, des fulgurances de génie... La preuve.

Alors je vous préviens, les Slices, au niveau calorique, c’est pas des digestive biscuits (qui sont déjà pas mal)... On est largement au dessus... Vous n'imaginez pas.

Vous allez rapidement comprendre.

Et ce soir, Angleterre oblige, nous avons recruté un auxiliaire anglais pour gonfler notre équipe... Comment vous appelez-vous Monsieur ?... Jack ? Jack quelque chose ? Non, Jack tout court. Vous avez un surnom, mais vous ne voulez pas le divulguer ici ? Très bien c’est vous que ça regarde... Et, heu, très joli votre haut de forme, ça fait très chic en cuisine, vous ne voulez pas l’enlever, non ? Ah... Bon très bien, et heu, oui j’ai vu que vous aviez un couteau... C’est très bien, ça peut toujours servir... même si là, tout de suite, je vois pas trop... Enfin si je vois passer un truc qu’on peut possiblement découper en rondelles, je vous le dis.



Donc, ce soir nous allons essayer de prendre ce léger accent britannique qui sied si bien aux ressortissants de Sa Majesté quand il s’exprime en français (un petit côté David Niven).

Well,  everyone is here ?

Mister Yeti ? Miss Ylang Ylang ? Mister Peanuts ?

Perfect... The cooking begin ! (rire diabolique de sectateur fou).

Miss Ylang Ylang, veuillez nous présenter les ingrédients avec votre délicatesse coutumière... (vous êtes très en beauté aujourd’hui, on vous l’a dit ? Et cette robe vous va à ravir...)



Les Ingrédients : (pour un plat de 18cm X 18cm environ)

Pour la pâte :

175 g de farine T55
125 g de beurre ramolli
50 g de sucre en poudre
1/2 cuillère à café de cannelle en poudre.
1 pincée de sel.                   
      
Vous comprenez mieux à présent... Et attendez, ce n’est pas fini.
Monsieur Jack, cessez donc de regarder Mis Ylang Ylang comme ça et de jouer avec ce couteau, vous allez finir par vous couper !

Pour le fourrage : (les choses sérieuses commencent).

125 g de beurre (oui, oui, là aussi il y a du beurre, et non ça ne suffisait pas !).
  125 g de sucre roux en poudre
  2 cuillères à soupe de sirop de sucre.
15 cl de lait concentré non sucré.
Le zeste râpé d’1/2 orange non traitée.

Pour le Glaçage : (vous ne croyiez quand même pas que j’allais m’arrêter en si bon chemin !)

200 g de chocolat noir.

Bon, alors voyons...

Monsieur Jack ! Puisque vous êtes notre invité cette semaine,  voudriez-vous,  je vous prie, verser dans un saladier la farine, les 125g de beurre coupé en petit morceau (oui, vous pouvez couper le beurre)...  Ah vous avez une façon intéressante de couper le beurre, c’est très... comment dirai-je... appliqué... Euh... impressionnant...

Bon, ben, passons à quelque chose de plus neutre avec le sucre en poudre ça calmera un peu les ardeurs de chacun hein...  et Mademoiselle Ylang Ylang va nous passer la cannelle (elle passe la cannelle comme personne)...



Ah non... Non, monsieur jack ne... Ah ben voilà ! J’avais oublié de vous dire, Miss Ylang Ylang maîtrise à la perfection les arts martiaux de ses ancêtres et elle aime peu qu’on pointe un couteau vers elle... Il faut être attentif Monsieur Jack... Vous n’imaginez pas ce qui est arrivé au dernier qui lui a pointé un couteau sous le nez...

Non, Miss Ylang Ylang, c’était pour rire, notre ami n’avait pas envie de vous importuner, c’est de l’humour anglais... Non, ne faites pas ça avec ce couteau ce n’est pas gentil et c’est un blog autorisé au moins de 15 ans, c’est promis, il ne recommencera plus...

Bon, reprenons...

La pincée de sel, voilà, c’est bien, et maintenant, Miss Ylan Ylang, avec vos doigts de fée asiatique, malaxez et émiettez donc cette pâte en petits morceaux...

Pendant ce temps, Stupid ! Euh je veux dire Mister Peanuts... Prenez donc ce plat de 18X18 environ,  coupez une feuille de papier cuisson et étendez-le sur le fond et les bords (tant mieux s’il déborde.)

Oui ça va... C’est pas mal... Si, si, j’avoue, cette fois vous l’avez bien fait....

Préchauffez le four à 180° (thermostat 4).

Bon, maintenant, ça va aller très vite... Monsieur Yéti, vous qui savez mieux que personne écrabouiller et concasser, tassez-moi donc cette pâte en miette au fond de ce plat pour faire une couche homogène... et évitez de mettre des poils partout je vous prie ! J’espère que vous vous êtes bien épilé et lavé les mains avant... Oh ! Oui et c’est pas la peine de « grumpfer » comme ça avec un air malheureux je ne veux rien savoir.

Et quand vous aurez fini, enfournez donc cette base dans le four pour 25 minutes. Une fois les 25 minutes écoulées (et une bonne lecture....) attendez que cette base refroidisse (mettez - la dans un endroit frais).



Nous allons passer au fourrage.

Comment Mister Jack ? Non,  non, non, nous ne fourrons aucun être à sang chaud mais un gâteau, rangez ce couteau, vous rendez Miss ylang-ylang nerveuse et quand elle est nerveuse ça peut mal finir.

D’ailleurs, Mister Jack, vous êtes anglais isn’t it ? Le caramel, ça doit donc vous connaître.

Comment ça non ? Votre rayon c’est plutôt la viande. Je ne veux pas savoir, aujourd’hui ce sera le sucre et le caramel. Tout anglais qui se respecte connaît le caramel. Le fameux Toffee anglais...

Alors, voyons...

Dans une casserole, coupez 125gr de beurre (ah vous voyez, heureux garçon, que vous allez pouvoir couper quelque chose avec ce couteau qui ne réplique pas avec des manchettes de karaté.)

(Eh oui,  j’ai bien dit encore du beurre. Quand je vous ai dit que ce n’était pas léger léger.) Ajoutez-y 125g de sucre roux en poudre et deux cuillérées à soupe de sucre liquide (j’espère que vous avez ça, vous savez, le sucre de canne, celui que vous mettez dans le mojito).

 Et comme nous trouvons que tout ça manque un peu de lipide (vous aussi, vous vous disiez que c’était un peu light, hein ?) nous allons donc rajouter 15cl de lait concentré non sucré.

Il nous manque l’ingrédient miracle qui va donner à nos gâteaux tout leur caractère... Le zeste de notre orange non traitée.



Bon, Monsieur Jack, je sais que ce n’est pas votre spécialité, mais peut être serez-vous disposé à  écorcher cette orange innocente malgré ses cris d’angoisse et d’indignation...





Et maintenant , portez tout ceci à ébullition et laissez le blouboutez (oui « bloublouter », j’insiste) en tournant tout le temps pendant un bon quart d’heure, le temps que le mélange épaississe et roussisse, mais sans brûler... (Non, Monsieur Jack, on ne commence pas à faire des bêtises avec son couteau on surveille la casserole sans jamais la quitter des yeux... Si ça brûle je vous teindrai pour personnellement responsable.)

Ça sent-bon hein ? Cette odeur de caramel à l’orange, c’est délicieux... Ça vous mettrait l’eau  la bouche, tiens, pour un peu, on se tiendrait moins, on en baverait... D'ailleurs Monsieur Yéti en bave déjà.

Une fois que le mélange a pris une belle couleur dorée et a épaissi, arrêtez le feu et versez-le sur votre fond de pâte de manière à ce qu’il soit de la même épaisseur partout.



Voilà, c’est parfait. Mettez-moi donc tout ça au frigo une bonne heure le temps que le caramel refroidisse.

Well done ! Vous pouvez prendre une pause, et, je ne sais pas moi, lire un bon livre ou une bonne BD... (Pas la peine que je vous dise lesquels..).

Bon, maintenant, Miter Yéti, oui, vous, le poilu, puisque vous concassez comme personne, cassez-moi donc 200g de chocolat noir... Ah vous faites ça bien ! Cette allégresse sauvage que vous déployez dans cet exercice me laisse pantois ! Tarzan n’a qu’à bien se tenir.



Vous avez fait ça très bien... C’est parfait.

Bon, maintenant, vous Mister Peanuts.... Euh non peut être pas... Disons plutôt Miss Ylang Ylang....Vous, fille des dragons, la chaleur c’est votre rayon... Faites donc fondre le chocolat au bain-marie (oui, le bain Marie, j’insiste)...

Une fois votre chocolat fondu de manière homogène (oui, j’aime bien le mot homogène), ressortez votre plat du réfrigérateur et devinez... Oui, c’est ça, faites couler votre chocolat dessus et étendez-le de manière plus ou moins artistique selon vos capacités (si vous êtes  fort, vous pourrez même faire de jolies vagues dessus, mais préoccupez-vous surtout que le chocolat soit bien étendu de manière... ho-mo-gène ! (répétez en cœur !  Oui c’est ça.)



Et vous, Monsieur Yeti, qui vous y connaissez en froid, remettez-moi donc tout ça au frigo.

Quelques heures plus tard... Après que Monsieur Jack ait encore une fois joué avec son couteau trop près de Miss Ylang Ylang pour entretenir l’amitié Sino-Britannique et que cette dernière ait répliqué par quelques bonnes prises de Kung-Fu  pour lui apprendre la politesse de l’empire du Milieu...

Et bien sûr, il a fallu que Mr Yéti se mette de la partie avec son enthousiasme habituel...

Il n’y a que Mister Peanuts qui est resté sagement hors de la mêlée...

Well...  Mister Peanuts, ramassez donc le couteau de Mister Jack, il va nous servir. Sortez du frigo cette délicieuse préparation. Oui, le chocolat a bien durci, il est maintenant craquant à souhait...

Nous allons donc sortir notre plaque de slice de notre moule, la poser sur une planche à découper (ou une autre surface qui ne craigne rien) et coupez donc en carrés de 3X3 ou 5X5, ou en rectangle, ou en triangles, pour les plus aventureux, et disposez-les sur une assiette (alors le chocolat se casse un peu, mais c’est pas grave).

Et maintenant, Mister Peanuts, faites-nous chauffer un peu de ce délicieux Darjeeling. N’ébouillantez pas la théière, je vous prie, et installons-nous pour compter les coups... Tenez, passez-moi donc un de ces succulents petits slices craquant en surface, où le chocolat amer cède sous la dent pour nous laisser parvenir au fondant sucré du caramel et de son délicieux petit goût d’orange, et pour finir, au croustillant du sablé parfumé à la cannelle...

Délicious !

Voyez-vous Mister Peanuts, c’est dans ces moments que je me dis que les romains avaient tout compris... La violence oui, mais avec du thé et des petits gâteaux...

Oh ! Vous avez vu la manchette que Miss Ylang Ylang a placée à Mister Jack ? C’est un coup bas... Non, ça doit faire vraiment mal ça.

Oh !  Et la manière dont Mister Yéti a projeté notre fille du soleil levant de l’autre côté de la pièce...

Vous me redonneriez un petit slice ?

Oh! Regardez, elle se relève. Elle a l’air furieuse... Ça va barder. Vous pariez sur qui ?

Il vous resterait un peu de thé ?



Bon appétit les Galufreau ! Et à  bientôt pour de nouvelles aventures culinaires autour du monde....









vendredi 22 janvier 2016



  Les Indicibles petites meringues de Cthulhu




     Cette nuit, une lune gibbeuse lorgne les montagnes de son œil pâle et inamical. Un air froid, tel le souffle de quelque enfer glaciaire, s’écartèle à travers les branches griffues et décharnées des arbres étiques qui tapissent les pentes de la vallée de Mandailles, dans ces bois séculaires et secrets que pas la lame d’une hache n’a effleurés et où, depuis des temps immémoriaux, sommeillent d’effroyables secrets...

     Dans la petite ville d’Aurillac, livrée aux ténèbres et à ses indicibles mystères, il n’est pas un bruit pour égratigner de son écho l’obscurité de tombe. Même les chats, à cette heure maudite, sont rentrés se terrer dans leurs abris... Eux, mieux que les hommes, savent qu’il est de noire heures où des portes s’ouvrent sur des abîme stygiens de démence cosmiques que les êtres de ce monde ne peuvent côtoyer qu’au péril de leur corps... et de leurs âmes.

     Pourtant, dans la nuit immense, des silhouettes hagardes et échevelée sortent de chez elle, tels de grotesque pantins, leur yeux vides et exorbités braqués sur le néant, pour se tourner toutes vers la même direction... 

     Alors, leurs visages blafards levés vers l’immensité hostile du ciel, elles se mettent à psalmodier, d’une seule voix, ces odieuses vocalises que jamais gorge d’homme, ni d’aucune créature vivante à la surface de cette Terre, ne devrait prononcer... Ces sons plus anciens que la vie elle-même, ces sons blasphématoires que prononçaient déjà, en de noirs éons, les anciens maîtres de cette terre, sous les étoiles complices : 



      « Ph'nglui mglw'nafh Cthulhu R'lyeh wgah'nagl fhtagn."



     Et ce faisant, de lever leur main droite dans laquelle ils étreignent une odieuse petite meringue verte, vous entendez inspecteur ? Verte comme lui, l’effroyable rejeton d’un enfer oublié ! Lui, le gluant, le glauque, qui attend en rêvant dans sa cité sous-marine de R’lyeh, que les étoiles soient de nouveau propices, comme cette nuit, et que ses nouveaux serviteurs croquent les effroyables pâtisseries pour se métamorphoser, devenir ses esclaves servants et conquérir le monde pour lui...

     Mais... Mais que faites-vous inspecteur ? Pourquoi cette chemise qui s’attache dans le dos ? Je ne suis pas fou, inspecteur ! Je l’ai vu de mes yeux vu ! Les petites meringues ! Les immondes petites meringues ! C’est grâce à elles qu’il va conquérir le monde... Ça a déjà commencé ! Il faut les arrêter inspecteur ! Il faut les arrêter ! Les étoiles sont alignées ! Les meringues ! Les effroyables meringues...



     La fin de cet affligeant témoignage est trop décousu pour qu’on le retranscrive ici...



     Hé ! Hé ! Voilà une entrée en matière tournée à la manière de Tonton Lovecraft, avec un max d’adjectifs et de mots qu’on n’emploie pas tous les jours comme « Gibbeuse » ou « indicible ».... 

     Pour ceux qui ne connaitraient pas Toton Lovecraft, sachez qu’il s’agit d’un des écrivains de littérature fantastique américain les plus notables du XXème siècle dont l’œuvre influença (et influence encore) un nombre d’auteurs de romans, de bandes-dessinées, de films, de jeux de société ou de jeux vidéo impressionnants. Le plus ironique est qu’il ne rencontra le succès qu’après sa mort.

     Sa plus grande création, et celle qui marqua le plus les esprits, fut celle de toute une mythologie sinistre partant du principe que des créatures effroyables, avant l’aube des temps, les Grands Ancien, auraient vécu sur Terre jusqu’à ce que les étoiles leurs soient devenues néfastes et qu’elles fussent enfermées dans des tombes profondes, sous les mers de ce mondes, ou dans des étoiles éloignées... Mais elles ne sont pas mortes, seulement endormies, et envoient des rêves à leurs adorateurs, car un jour les étoiles seront de nouveau alignées, et leur cité engloutie surgira du fond des mers et le Grand Cthulhu (le plus terrible d’entre eux, géant immonde et verdâtre au corps gélatineux, à la tête de poulpe et aux ailes de dragon, oui ça fait beaucoup pour un seul mais il est comme ça Cthulhu) reprendra possession de ce monde pour répandre sur les hommes folie et désolation...

     Réjouissant non ? Oui, Tonton Lovecraft avait vraiment un grain. 

     Mais il n’avait pas pensé à tout... Et oui, car, si le Grand Cthulhu voulait répandre son influence sur le monde, et en particulier sur la France... C’est par la gastronomie, qu’il fallait passer.

     D’où l’idée des... Meringues innommables de Cthulhu.


     Allons Monsieur Yeti, rassemblez vos poils et tenez-vous mieux, tenez-vous bien, car je vous sens fébrile. Vous avez faim... Et vous, mes Galufrots, vous vous dites : « Mais quand va-t-il s’arrêter de dégoiser pour se mettre à cuisiner... »

    Et bien soit... Cuisinons ! Cuisinons le sort indicible de l’humanité. Hua !! Hua ! Hua ! Hua ! (Rire effroyable).

Allons, Mademoiselle Ylang Ylang, vous dont les charmes de l’orient cachent, je le sais, une âme empoisonnée, telle la tubéreuse mortelle sous ses pétales trompeurs, approchez donc et aidez-moi à trier les ingrédients :



          Les ignobles Ingrédients :



     4 abjects blancs d’œufs.

     250 gr d’abominable sucre blafard

     1 pincée de sel de Kadath
(Kadath est une cité maudite perdue dans le désert)

     Quelques gouttes d’effroyable arôme de pistache.

     9 gouttes d’odieux colorant alimentaire jaune.

     2 gouttes de douteux colorant alimentaire bleu.



     Allons, vous Monsieur Yeti, et vous Miss Ylang Ylang, oui, même vous, misérable brelot, oui, vous, Mister Peanuts, venez avec moi, fidèles cultistes, et préparons l’instrument du retour de notre Maître !

     Prenons d’abords quatre œufs de poules sélectionnées par nos soins... Non, Monsieur Yeti, il est interdit de les plumer ! Elles sont le produit d’effroyables sélections génétiques remontant au temps où des grands sauriens dominaient le monde et ou les poules avaient des dents ! Et séparez une fois encore les jaunes des blancs ! Non ! Non Monsieur Yeti, ne jonglez pas !!! Vous venez de détruire le produit de 1000000 générations de poules sélectionnées... Imbécile hirsute que vous êtes ! Je devrais vous donner en pâture aux immondes chiens de Tindalos qui hantent les angles du temps ! Mais j’ai encore trop besoin de vous.

     Allons Miss Ylang Ylang, je ne peux compter que sur vos doigts agiles. Percez donc délicatement de vos ongles rouge de chine ces coquilles grumeleuses et séparez les déliquescentes substances l’une de l’autre... Enfin, versez les quatre blancs dans un grand saladier...

Et maintenant, vous notre empoisonneuse émérite, usez de vos talents pour verser dans cette substance translucide et gélatineuse, ces quelques gouttes de d’effroyable arôme de pistache... Ah ! Ah ! Ah ! Ainsi ils ne sentiront pas les investir la subtile essence de R’lyeh qui prendra possession de leur âme...

     Continuez donc en ajoutant à cette préparation les 9 gouttes de cet odieux colorant alimentaire jaune et les deux de douteux colorant alimentaire bleu qui procureront à notre insidieuse mixture cette couleur venimeuse et glauque qui est celle de notre Seigneur Cthulhu (que béni soient ses nombreux tentacules).

     Et attention, mademoiselle Ylang Ylang, de ne point vous versez dessus de ces filtres redoutables... cela pourrait flétrir votre beauté (et surtout celle de vos vêtements).
     


     Une fois achevée cette funeste préparation, et alors que se diffuse la vénéneuse présence de notre Maître, rajoutez-y donc une pincée de sel...

     Ensuite, laissez la place à Monsieur Yeti, car c’est de force et de vigueur que nous aurons besoin maintenant (si vous ne disposez pas d’un Monsieur Yeti, un batteur électrique fera l’affaire même si c’est moins Lovecraftien).

     Allons Monsieur Yeti ! Touillez ! Touillez ferme pour la gloire de notre Seigneur Cthulhu ! (prononcer Kthoulhou. Non c’est vrai quoi ! Faut pas faire n’importe quoi, un peu de sérieux que diantre, il pourrait se fâcher).

     Ah non ! Monsieur Yeti Battez moins fort ! Il ne va rien rester dans le bol mais tout sur vos poils ! Je vous avertis, si cous continuez, imbécile hyperpileux, je vous livre en pâture à des shoggots affamés (dans le jargon lovecraftien, le shoggoth est une sorte de gros tas de morve noire, plus ou moins conscient et très affamé, capable de ses transformer à volonté et de générer des yeux, des bouches, des tentacules, des bras... Très pratique quand on n’a pas de couteau suisse mais un peu salissant, et il faut le nourrir souvent...)
     Bon ça va, nous avons réussi à en sauver un peu, et nos blancs ont pris une bonne consistance, ils sont bien solides et bien verts... mais je vous ai l’œil !

     Grand Cthulhu ! Tu m’as donné les pires cultistes de la création... Pourquoi ! Pourquoi...

     Mais restez ici, Monsieur Yeti, espèce de mutant à poil laineux ! Nous n’en avons pas fini, car il va falloir, maintenant, intégrer, petit à petit, l’abominable sucre à votre blanc devenus vert... 

     Monsieurs Peanuts ! Approchez donc, rejeton dégénéré de quelques étreinte douteuse. Et pendant que notre pithécanthrope albinos continue de touiller, versez doucement et progressivement notre sucre blafard dans notre préparation... 

     Voilà... Il vit ! Il vit ! On peut presque déjà l’entendre respirer....

    


 Une fois le sucre intégré à la recette ne... Non ! Monsieur Yeti, non, ne dévorez pas l’indicible substance ! Elle n’est pas pour vous, vous qui avait servi les Mi-Go (sorte de champignons à forme de homards venus de la planète pluton, qu’ils nomment Yuggoth, les Mi-Go ont la détestable habitude, ou un curieux sens de l’humour, qui consiste à prélever les cerveaux humain pour les enfermer dans des cylindres où ils les conservent et peuvent les faire parler. Leur principale base sur terre aurait été le sinistre plateau de Leng que Lovecraft situe quelque part en Himalaya, ou en antarctique. Quand on vous disait que Tonton Lovecraft avait un grain.)

     Mademoiselle Ylang Ylang, réglez-moi donc, de vos doigts délicats, ce four sur 120° (ou thermostat 4)

     Maintenant, vous Monsieur Peanuts, oui vous, pathétique avorton d’union contre-nature, prenez un grand plat de métal ou même le lèchefrites du four. Découpez donc deux feuilles de papier cuisson et recouvrez-en le fond, puis, sans vous arrêter pour penser (vous n’avez pas été mis au monde pour ça), prenez deux grandes cuillères et prélevez des morceaux de votre verdâtre préparation et disposez les sur le papier en leur ménageant quelques espaces, car ils vont un peu se déployer, se développer... prendre forme et vie.

     Non ! Non ! Malheureux, ne les dévorez-pas même si vous en mourrez d’envie et qu’ils sont sucré et parfumé... Il faut les cuire !

     Enfournez les donc pour une heure... Une heure sera bien suffisant pour que nos innommables meringues deviennent irrésistible, avec une croûte craquante et trompeuse, mais dessous, le moelleux indicible de notre Seigneur Cthulhu qui se répandra en eux et les colonisera tout entier, en fera nos serviteurs dévoués ! Ah ! Ah ! Ah !Ah ! (nouveau rire démoniaque allant en s’éloignant).

     Maintenant, ne nous reste plus qu’à attendre... Attendre que nos graines d’apocalypse tentaculaires aient fini de chauffer en lisant un bon livre ou une bonne bande-dessinée... Par exemple : « Tellucidar » de Jean-Luc Marcastel ou bien « Le sanctuaire d’Halicarnasse » de Lionel Marty, ou encore « Le livre de Piik » de Cécile Brosseau... Ces trois terribles cultites tout dévoués à notre grand Cthulhu.... Mais chut !

     Ah ! Une heure est écoulée, et je sens ! Oui ! Je sens ce parfum doux, sucré, trompeur et cette fragrance subtile, sous-jacente, celle de la pistache, ce petit fruit vert... Vert comme notre Seigneur Chtulhu (gloire à ses nombreux tentacules).

     Allons Miss Ylang Ylang, notre fleur empoisonnée, revêtez votre plus belle robe pour les accueillir comme il se doit, et retirez du four ces immondes petits fragments verts de notre seigneur Chtulhu (louée soit son abjecte verditude) que nous laisserons refroidir et durcir avant de les recueillir... Regardez ! Ils bougent déjà ! Quand ils les mangeront, la croûte délicate se brisera, et leurs dents s’enfonceront dans le moelleux final, qui s’infiltrera en eux et le fera à la semblance de notre Maître... Alors ils s’envoleront de leurs ailes membraneuses et se lanceront à leur tour à la conquête de ce monde... et R’lyeh la verte sortira de sa tombe fangeuse et notre Seigneur Cthulhu (béni soit sa poulpitude !) régnera à nouveau sur ce pitoyable globe de terre... 

     Allons Miss Ylang Ylang ! Allons, prenez donc ces magnifique petit fragments de cauchemar dont je vois déjà s’agiter quelques petits tentacules, et portez les en présent à nos ignobles voisins, venant de vous, ils ne pourront nous les refuser... Hin ! Hin ! Hin !

     Nous entamerons dès demain la phase de production industrielle.

     Aujourd’hui Aurillac, demain....



     Laï ! Laï Cthulhu Ftagn !







samedi 16 janvier 2016

  La recette de la galette des rois façon Louis et Jean-Luc.

(Pour la petite histoire, il faut dire que mon fils, Louis, grand cacaologue, cacophile et  cacaovore devant l’éternel, adore faire des gâteaux. Cette recette de galette au chocolat est donc la sienne, à laquelle je me suis permis d’apporter ma petite touche personnelle en rajoutant l’orange et un peu de rhum... On ne se refait pas...)

Mais tout d’abord, avant la nourriture du ventre, celle de l’esprit...

Ah la galette ! L’épiphanie... Qui, de nous tous, n’a pas des souvenirs de galettes des Rois chez Mamie, ou chacun d’entre nous, même les plus républicains,  espérait être le roi ou la reine du jour. N’êtes-vous pas passés sous la table pour annoncer les noms des convives, quand on demandait « Et  cette part c’est pour qui ? ». Généralement c’était toujours le plus petit qui s’y collait et comme j’ai grandi vite, j’y ai échappé très tôt. Chez ma grand-mère à moi, nous mangions une couronne, spécialité Limousine, pas une galette à la frangipane, mais une chose était sûre, elle était truffée de fèves. Il devait y avoir plus de fèves que de convives, pour éviter qu’un seul des enfants présents n’ait la sienne et éviter les disputes et les déconvenues. Elle était comme ça ma grand-mère... Des fois je me suis même retrouvé avec deux fèves dans le même morceau, heureusement,  à l’époque, elles étaient en plastique, ou nous y aurions laissé quelques dents.

Mais connaissez-vous l’origine de la galette, mécréant que vous êtes ? Vous savez, bien sûr, même les plus païens d’entre vous, que l’épiphanie fête, dans la religion chrétienne, la venue des Rois Mages en Galilée pour offrir des présents (l’or, la Myrrhe et l’encens) à Jésus et le reconnaître comme le Messie.

Ce que vous ne savez peut être pas, c’est que cette coutume recouvre une tradition plus ancienne (comme beaucoup de nos traditions et de nos fêtes religieuse d’ailleurs) celles des Saturnales, une fête dévouée, comme son nom l’indique, dans la Rome antique, à Saturne, du 17 au 24 décembre, pendant le solstice d’hiver. Dans chaque familia (la famille romaine étendue, comprenant les parents la domesticité, les esclaves) on y partageait une galette dans laquelle se trouvait... une fève. Celui qui gagnait la fève devenait, quel que soit son rang d’origine (même esclave) le roi du jour et on comblait ses désirs (une sorte de jour des fous en sommes). On dit même qu’un enfant passait sous la table pour attribuer les morceaux... Comme quoi les traditions ont la vie dure.

Ce n’est pas la seule fête païenne à avoir été recouverte par une fête chrétienne, loin de là, les religions sont ainsi faites que les nouvelles remplacent les anciennes. La fête gauloise de Samonios, par exemple, est devenue Toussaints, celle de Beltaine la Saint Jean...

Mais foin de tout cela, me direz-vous, nous ne sommes pas là pour prendre un cours d’histoire, mais pour faire une bonne galette, et une bonne galufrade, alors qu’attendons-nous ?

Je vous reconnais bien là, Galufres que vous êtes ! Je vous ai compris ! (Comme disait un célèbre grand personnage à casquette) et donc, commençons.

Vous êtes prêt ?

Accrochez-vous à vos spatules, ça démarre !


Ingrédients

Bon alors là, c’est vrai, une fois n’est pas coutume, je sais qu’on peut faire sa pâte feuilletée soi-même, mais honnêtement, à part pour la fierté de l’avoir fait, et aux vues du temps et de l’énergie dépensés, je suis très lâche et j’achète ma pâte feuilletée  toute prête au supermarché de mon quartier. Le Bon Dieu ne m’en voudra pas pour ça (enfin j’espère).

Donc :

Pour la Pâte :

2 pâtes feuilletées prêtes à l’emploi (moi , je prends la pâte feuilletée épaisse « Tablier Blanc » de chez Leclerc mais vous faite comme vous voulez, comme je l’ai déjà dit, je n’ai d’action chez personne).

Pour le fourrage :

70 gr de beurre
70 gr de sucre en poudre.
3 jaunes d’œuf.
50 gr de poudre de noisettes
20 gr de poudre d’amandes
100 gr de chocolat noir pâtissier.
1 cuillère à soupe de Rhum
Le zeste d’une orange non traitée.
La chair d’une orange hachée.

Allez, on se lance.

Tout le monde à ses ustensiles ? Même Monsieur le Yeti, là, à côté de Mr Peanuts, oui, vous, l’hirsute avec du poil partout ! Bon, alors on peut y aller ?

D’abord munissez-vous d’un saladier (mais si, vous avez ça, même les plus réfractaires  à la salade, on ne peut pas vivre sans ça ! Enfin si, on peut, mais moins bien, même les célibataires endurcis qui ne veulent pas entendre prononcer chez eux le mot « salade »).

 Versez-y le sucre.


Bon jusque-là ça va, vous suivez ? Vous aussi le Yeti ? Bon alors on continue.




Maintenant ça va être un peu plus technique, il va falloir casser deux œufs (Ah non hein ! Ça va pas recommencer maintenant, l’humour gras c’est sympa de temps en temps mais à dose homéopathique)  et séparer les jaunes des.... Blanc... Bon ben là c’est trop tard pour Monsieur Yéti, y peut recommencer.

À part Monsieur Yéti tout le monde sait séparer les jaunes des blancs ? Alors, allez-y. Et n’oubliez pas, seulement les deux premiers, on garde le troisième pour plus tard. Tant pis pour Monsieur peanuts qui a démarré trop vite, il va pouvoir aller chercher un autre œuf).

Fouettez un peu les jaunes (non... Mais non c’est pas ce que vous pensez... et rangez-moi ce fouet et arrêtez de poursuivre Miss Ylang Ylang espèce de grand malade !) et versez-les avec le sucre.


Bon, on y est tous, même Monsieur Yéti a récupéré son retard ? Comment ça grumpf ? Ah ben oui, le jaune, ça colle aux poils... on n’a pas idée aussi, d’être velu à en concurrencer une carpette angora.

Coupez 70 gr de beurre, et tant que vous avez un couteau  à la main, acharnez-vous sur ce pauvre morceau de matière molle et sans défense pour le réduire en petits morceaux que vous intégrez à votre précédente préparation.

Touillez un peu (oui, on touille souvent chez moi, c’est une saine activité de touiller, comme disait le grand sage Kidordîn : « Quand tu touilles, point de bêtise tu ne fais. » ou bien « Si les hommes plus souvent touillaient, moins la guerre ils feraient. »


Ouvrez sauvagement votre sachet de poudre de noisette (pourquoi je dis sauvagement moi ? Non ! Non monsieur Yéti c’était pour plaisanter ! Je... Ah ! Non, la vraiment, c’est dégoûtant, vous en avez plein les poils et en plus, la poudre de noisette, c’est pas donné alors...) et celui de poudre d’amande et versez dans votre précédente préparation 50 gr de la première et 2Ogr de la seconde comme indiqué plus haut.

Tant qu’on y est, prenez votre bouteille de rhum (et non, non, je vous interdis d’en boire maintenant, et puis en plus c’est du rhum de cuisine, on va quand même pas y mettre du Don Papa, du Kraken ou un rhum vieux, faut pas exagérer) et versez-en 1 ou 2 cuillères à soupe dans la préparation.

Maintenant, tournons un peu notre attention vers cette orange qui essaie de se faire oublier.

Alors là c’est le passage cruel... Âmes sensibles, et vous petits enfants, détournez pudiquement les yeux, il est certains spectacles insoutenables qui ne sont pas pour vous.


Choppez l’orange d’une main ferme avant qu’elle ne se doute de ce qui va lui arriver. De l’autre attrapez une râpe fine (genre celles pour râper les fromages à pâte très dure, comme le parmesan, pas celle pour râper le gruyère) et râpez le zeste de l’orange directement dans la préparation. Ignorez ses cris abominables d’écorchée vive (je sais c’est terrible, le cri de l’orange râpée, mais dans la cuisine, il faut s’endurcir... C’est ainsi, les hommes dominent les légumes et les fruits, c’est dans l’ordre des choses. Songez que sur une autre planète, des oranges gastronomes râpent peut être des humains pour améliorer le fourrage de leurs galettes des rois du potager... Rappelez-vous de "La Chose Venue d'un Autre Monde ! ". Alors pas de pitié !


Bon, trêve de délire : Pelez l’orange maintenant débarrassée de son premier manteau pour la mettre à nu (oui là, ça devient un peu chaud, on risque de se faire censurer, faut y aller molo Lionel, pas de string pour l’orange).


Et là, ça vire à la « vendredi 13 » (Oui dans les vendredi 13, film à la morale finalement très conservatrice, dès qu'une fille s’effeuillait un tant soit peu, c'était donc qu'elle avait des mœurs légères et généralement, elle mourait dans les 10 minutes suivantes tuée par l'abominable maniaque).


Munissez-vous d’un couteau bien tranchant et hachez là en tout petits morceaux, presque de la purée d’orange que vous intégrerez à son tour à la préparation.


Et maintenant, devinez... Oui, vous touillez ! Encore !


Ensuite, cassez  100gr de chocolat noir pâtissier dans une casserole et faites le fondre au  bain Marie... (Bon alors, si vous ne savez pas ce qu’est le bain-marie, je renonce et non je ne ferai pas d’humour douteux là-dessus).

Une fois ceci fait (non monsieur Yéti je ne veux même pas voir ce que vous avez fait avec le chocolat, ni si vous ressemblez à un oiseau mazouté. S’il y a un enfer sur cette terre je suis sûr qu’il est peuplé de Yétis touillant du chocolat...) versez donc votre chocolat dans la préparation et touillez une fois encore (on ne s’en lasse pas).



Mais cette fois c’est la dernière.

Une fois que votre préparation est homogène, attention, ça devient très technique... Tiendrez-vous la pression ?

Allumez votre four et préchauffez-le à 200° (thermostat 6-7)

Une fois cette précaution prise, et bien sélectionnez donc un moule à tarte (ou le seul que vous ayez en votre possession) et étalez dessus la première pâte feuilletée en la gardant, bien sûr, dans son papier cuisson dont vous recouvrirez le fond du moule. Assurez-vous aussi que votre pâte remonte bien partout sur les bords (il va valoir fermer).


Ensuite, pour ceux qui, contrairement à certains de ma connaissance, n’ont pas mangé l’appareil tout cru (vous voyez de qui je parle Monsieur le Yéti), vous pouvez l’étaler sur le fond de tarte.



Non ! Non, ne déroulez pas encore la seconde pâte ! Vous avez oublié la fève (ou les fèves, si vous êtes comme ma grand-mère et que vous ne voulez pas faire de jaloux).

Voilà qui est réparé.

Bon, une fois le nombre de fèves désirées enfoncées dans l’appareil, recouvrez le tout avec la seconde pâte, soudez les bords avec vos petits doigts à vous, en faisant un petit bourrelet (j’ai dis petit). Faites quelques jolis dessins sur le dessus... Non ! Lionel non, tu as interdiction de dessiner ce gros monstre pour faire pleurer ton petit frère !

Enfin, la touche finale. Cassez le dernier œuf, séparez une fois de plus le jaune du blanc (vous pouvez garder les blancs dans une coupelle, ça peut servir à faire de délicieuses meringues à la pistache en cinq minutes dont je vous donnerai la recette une autre fois).

Délayez votre dernier jaune d’œuf avec une cuillère à soupe d’eau, et badigeonnez-le sur votre galette  à l’aide d’un pinceau... Et non, pas d’une patte velue c’est dégoûtant !


Après... Eh bien ! Après ne reste plus qu’à mettre au four pour 30 minutes environ. Surveillez néanmoins la cuisson et restez  dans le secteur, on ne sait jamais, les pâtes feuilletées réagissent différemment selon les marques et leur temps de cuisson peut varier.

Maintenant vous n’avez plus qu’à attendre, alors, un bon livre, une bonne bande dessinée vous attendent...  et justement ça tombe bien parce que j’en ai à vous conseiller... « Tellucidar » de Jean-Luc Marcastel aux Editions Scrineo, ou bien « Le Mausolée d’Halicarnasse » de Lionel Marty, aux éditions Delcourt ou encore « Le Livre de Piik » tome 1 de Cécile Brosseau aux éditions Bamboo par exemple ou ... C'était la coupure pub.

Et là, vous allez sentir une délicieuse odeur monter progressivement de votre four et envahir toute votre cuisine, cette odeur de chocolat et d’orange mêlés qui se marient si bien et vous entraînent dans leur ronde... J’en salive d’avance...

Ça y est, c’est terminé !


Ah chouette, ça tombe bien, je commençais à avoir de nouveau faim...

Et cette part, c’est pour qui ?

Pour la Galufre bien sûr !

Mais comme disait le sage Kidordîn : « Bien fou le roi de la galette qui se croit roi du monde ». Des paroles pleines de bon sens que certains de nos politiques devraient ruminer plus souvent.

Alors cette part, elle vient ?

Oh les copains j’ai cinq fèves !



Galufrement vôtre.


Jean-Luc Marcastel.

jeudi 14 janvier 2016

Les petits chaussons à la viande façon indienne



Et quoi de mieux pour commencer ce blog qu’une bonne petite entrée pour nous mettre en appétit, et comme les voyages forment la jeunesse, nous irons de ce pas en Inde...

Ah l’Inde ! Katmandou ! Quand j’étais petit, un de mes tontons était parti vivre là-bas, à la grande époque, et en était revenu avec plein de choses merveilleuses dans ses fontes. J’avais ainsi découvert les kitchissimes cartes postales indiennes, avec paillettes et tout et tout, dont une, qu’il m’avait offert avec Ganesh, le dieu à tête d’éléphant, le dieu de la sagesse, de l’intelligence, de l’éducation et j’en passe... On y expliquait comment son papa, Shiva, un jour de colère, lui trancha la tête (je résume hein) et comment sa Maman, Pârvatî, fort mécontente (ben oui quoi, ça contrarie quand même un peu) exigea qu’il rende la vie à son fils... Il trouva donc un jeune éléphant, lui trancha la tête (oui, à lui aussi) et la posa sur le cou de Ganesh qui revint aussitôt  la vie... Et oui c’est cool d’être un dieu, la greffe de tête c’est très pratique.


Mon Tonton revint aussi avec les fameuses Beedies, les cigarettes indiennes, et leur odeur inimitable que j’ai encore dans les narines, ainsi qu’un masque de démon népalais que j’ai encore à mon mur, des encens et des épices aux odeurs mystérieuses qui me parlaient d’ailleurs...

Mon autre contact avec l’Inde, c’était les films que me montrait mon Papa, "Gunga Din", ou "Les Trois lanciers du Bengale" où de méchants thugs adorateurs de Khâlî menaçaient, bien sûr, les gentils héros britanniques...

Après, plus tard, bien plus tard, j’ai découvert les films de Bollywood et là... quel régal !

Peut-être est-ce pour cela que j’aime tellement la cuisine indienne... en tout cas, j’en fais très régulièrement, dont cette petite recette qui est en fait un mélange de plusieurs recettes indiennes à ma façon.



Mais Voyons :

Pour la pâte : (oui ce genre de pâte, pas celle du Galoup).

     500 gr de Farine tout ce qu’il y a de plus basique.
1 bonne pincée de sel
20 cl d’eau.
10 cl d’huile d’olive
1 jaune d’œuf.

Pour la farce :

400gr de bœuf haché (bon là, je perds déjà tous mes amis et lecteurs végétariens. Ceci étant on peut aussi mettre du mouton, ou votre belle-mère, votre conjoint ou conjointe si vous avez envie de vous en débarrasser ni vu  ni connu et que vous vous appelez Sweeney Todd)
1 demi-bol de petits pois (je les préfère congelés ou frais, mais si vous n’en avez qu’en boîte...).
Huile d’olive
1 oignon
2 échalotes
1 demi piment vert haché très fin.
1 demi bol de cacahuètes concassées (ou de noix de cajou si vous préférez).
Quelques feuilles de coriandre hachée (soit achetées fraîches et hachées par vos soins soit achetées chez picard déjà hachées, je suis pas bégueule)
La chair d’une grosse tomate (ou de deux normales).
Sel.
Poivre.
Curry Garam Massala et tikka massala (ou curry générique de chez Ducros ou ailleurs)
Une petite cuillère de graines de cumin.

Bon, vous êtes prêts ?


On y va?

Allez-suivez-quoi !

Sortez une bonne poêle genre « poêle des familles », celle qu’on a tous au fond du placard, versez-y un filet d’huile d’olive et faites le chauffer à feu assez vif. 

     Pendant qu’il chauffe, attrapez votre bœuf haché (comment ça il est encore sur pattes ? Ah ben là, c’est pas mon problème, débrouillez-vous, coincez-le, prélevez-lui un morceau et hachez-le vous-même) et versez-le dans l’huile.

Salez, poivrez et saupoudrez de curry (en ce qui me concerne, j’ai mélangé trois currys différents jusqu’à obtenir le goût que je souhaitais, c’est à convenance, vous pouvez n’en utiliser qu’un) et faites bien cuire votre viande.

Une fois qu’elle est bien cuite, prenez une assiette et réservez là.

Arrêtez malheureux ! Ne jetez pas l’huile et ne lavez pas la poêle. Ouf ! On l’a échappé belle !

Hachez l’oignon, les échalotes et le piment vert (méfiez-vous avec le piment vert et surtout ne vous touchez pas les yeux, les lèvres, etc. même après avoir lavé vos mains à l’eau et même une demi-heure plus tard vous risqueriez d’avoir de fort mauvaises surprises... d’ailleurs ça me rappelle une blague qu’on faisait quand j’étais gosse, au réfectoire, en frottant au piment le bord des verres des copains... Effet garanti. Tu t’en souviens Lionel ?).

Et tant qu’on y est concassez les cacahuètes (oui oh ça va hein ! Arrêtez de rire au dernier rang, vous avez vraiment les idées mal placées !).

Prenez vos tomates et réduisez-les en pulpe, elles l’ont bien cherché (pour ma part je laisse la peau, mais certains, qui la digèrent mal, préfèrent l’enlever, c’est affaire de goût ou de confort gastrique).

Et maintenant, allons-y :

Faites revenir l’oignon (vous l’aviez pas vu s’esbigner ?), les échalotes et le piment dans la poêle ou vous avez fait cuire votre viande (j’espère que  vous l’aviez pas lavée, ça aurait été dommage de perdre tout ce délicieux jus de viande au curry). Une fois que l’oignon et les échalotes sont bien transparents, rajoutez-y la viande, puis les petits pois, puis les tomates en purée, les cacahuètes (ou noix de cajou) et les graines de cumin.

C’est bon vous suivez tous, oui, vous aussi au fond, le type des cacahuètes ? Tiens je vais vous appeler Mister Peanuts ça vous apprendra.

Faites mijoter tout ça à feu doux en remuant de temps en temps une petite dizaine de minutes. Goûtez et rajoutez du curry si besoin,  à votre convenance (moi j’aime bien relevé, et je n’hésite pas à forcer un peu sur le piment, mais ça, c’est mon goût à moi et je me méfie parce qu’après je suis le seul à pouvoir en manger). Vers la fin, rajoutez les feuilles de coriandre hachées.

Sentez-moi ça ? Ça met pas l’eau à la bouche, ça ? Elle est pas bonne la tambouille à Tonton Galoup ?

Une fois les dix minutes écoulées, retirez la poêle du feu (ou de l’induction, ou du dragon si c’est lui qui chauffe, enfin on se comprend).

Il est temps de s’occuper de la pâte.


Dans un saladier, versez les 500gr de farine, creusez au centre un petit trou et ajoutez-y le sel, l’huile d’olive et l’eau... Et après, devinez... Eh oui il va falloir, comme on dit, mettre les mains à la pâte... et pétrir.

Bon Mister Peanuts arrêtez de pleurer ! Je vous avais prévenu avec le piment vert, voilà. Ah ben ça c’est malin ! Et oui ça chauffe. (D’ailleurs, le saviez-vous, il y a une échelle pour mesurer les piments, elle se nomme échelle de Scoville. Elle monte pour l’instant de 0 à 2 millions à peu près. Et si vous vous demandez comment on mesure la force d’un piment et bien c’est fonction de la concentration en capsaïcine (un composé chimique de la famille des alcaloïdes) ce qui fait qu’un piment vous brûle.
Pour vous donner une petite idée, voiçi quelques exemples:

Le Paprika c’est 100-150
Le piment d’Espelette 1500 – 2500
Le piment oiseau c’est 30 000 – 60 000
Le piment habanero (antillais) c’est 100 000 – 350 000 (je fais avec une super sauce dont je vous donnerai un jour la recette)

Le plus fort que j'ai goûté, un piment indien, le Buth Jolokia, monte à plus de 1 359 000 (j’ai essayé une fois sur un bout de cure-dent, et je vous jure, je ne crains pas les piments, mais là, c’est vraiment du feu) et enfin le Trinidad Scorpion qui est je crois, pour l’instant, un des plus fort du monde et qui monte à 1 463 700 sur l’échelle). Je vais me commander, sur Sauce-piquante.fr, une sauce au Buth Jolokia ou une au Trinidad Scorpion... Je vous en dirai des nouvelles.)




Vous avez vu ? Sur le blog des Galufres, on apprend des choses. Vous pourrez vous la péter auprès des copains et des copines.

Bon pour les autres...

Malaxez donc tout ça jusqu’à obtenir une pâte homogène, lisse et bien souple et laissez reposer 45 minutes sous un linge.

Je ne sais pas moi... allez donc lire un bon livre ! Un "Galoup", Un "Simulacre", Un "Enfants d’Erebus" ou mon tout dernier à paraître chez Scrineo : "Tellucidar" ! Ou une bonne bande dessinée, « Le rêve de Jérusalem » de mon ami Lionel Marty, ou une de celle de Cécile Brosseau. Comment ça, c’est la pub subliminale ? Mais pas du tout !

Ou alors allez boire un coup, y’a pas une petite bouteille ouverte par là ?

Après, attrapez votre rouleau à pâtisserie, ou, pour les plus prolétaires d’entre vous ou les étudiants (je suis passé par là moi aussi) leur vieille bouteille de vin, et étendez la pâte sur un plan de travail légèrement fariné (quand je dis « plan de travail » c’est des effets de manche pour désigner votre table de cuisine, enfin moi en tout cas c’est là que je cuisine, mais « plan de travail » ça fait tout de suite plus « pro » vous trouvez pas).

Étirez-la bien, qu’elle soit assez fine, mais pas trop quand même (oui je sais c’est pas précis, précis, mais bon, j’allais pas mesurer à la règle non plus).

Alors pour ceux qui ont des tables en bois ou en matériaux un peu « collant » je préconise d’étendre la pâte sur un papier sulfurisé, ça évite qu’elle reste accrochée à la table et des crises de nerfs... (je suis pour la paix des ménages).

Une fois que vous l’avez bien étendue, il y a deux solutions. Soit vous êtes comme moi et vous avez un jour craqué, chez Lidl, sur les petits machins à fabriquer les chaussons (vous avez pas remarqué, on trouve toujours un truc ou un bidule chez Lidl. On se retrouve dehors avec le cafouillazibule à la main et on se demande soudain quelle idée saugrenue nous est passée par la tête d’acheter ça...  Et plus fort encore, il arrive même parfois qu’on en ait l’utilité. Incroyable non ?).

(D'ailleurs en ce moment j'ai vu des bacs entier de ces petits machin à 3 euros chez Giffi.)

Si vous avez pas, tant pis, découpez des cercles de 10 centimètres de diamètre environ (prenez une sous tasse par exemple, de la bonne dimension, posez-le sur la pâte et coupez autour (moi c’est comme ça que je faisais quand j’avais pas encore trouvé le truc de la mort qui tue à prix misérable chez Lidl. Ils sont forts ces Allemands. Vous allez juste acheter des pommes, et vous revenez avec un bidule que vous saviez pas, le matin même, que ça existait, mais, qui, soudain, quand vous l’avez vu dans les bacs, vous a paru indispensable).

Après, et ben c’est tout simple :

Mettez votre four à chauffer à thermostat 6 (ou 180°) et sur chaleur tournante si vous avez.
Sortez une grande plaque et couvrez-la de papier cuisson.

Formez les chaussons en prélevant une bonne cuillère de votre appareil et en le déposant dans votre cercle de pâtes (donc pas jusqu’au bord) repliez le cercle et soudez les bords avec les doigts. (Avec les doigts j’ai dit pas une lampe à souder !)

Posez-les sur la plaque.

Quand vous avez terminé, munissez-vous d’un petit bol, cassez votre œuf (ah non ! Ça va pas recommencer au fond !) séparez le jaune du blanc. Conservez le jaune dans le bol, ajoutez-y une cuillérée d’eau, touillez avec une fourchette, puis, à l’aide d’un pinceau (oui, oui, un pinceau, la cuisine et la peinture ont beaucoup plus en commun qu’on le croit, la preuve on trouve des croûtes dans l’une et dans l’autre) badigeonnez artistiquement vos petits chaussons (j’insiste, artistiquement, que le geste soit aérien et léger, presque une chorégraphie).

Bon alors je vous le dis tout de suite, le jaune d’œuf ne va pas changer foncièrement le goût de vos chaussons, mais leur conférera un aspect luisant, lustré et appétissant du plus bel effet.

Eh bien maintenant, il ne vous reste plus qu’à enfourner... Pour le temps de cuisson, je dirai une vingtaine de minutes, mais c’est pas précis, précis, ça dépend de votre four. Le temps de cuisson, c’est un peu « a bisto de nas » comme on dit chez moi (traduisez « à  vue de pif »). Quand vos chaussons ont une belle couleur dorée et luisante comme il faut, arrêtez-les avant qu’ils ne soient trop cuits. Testez quand même la pâte avec un couteau pour voir si elle est cuite, et sortez du four.

Vous pouvez les servir tout de suite, ou bien les garder de côté et les faire réchauffer avant de les servir accompagnés d’une salade (si, si, une salade, c’est vert et c’est très bon ).

Régalez-vous bien !

Galufrement votre !

Jean-Luc Marcastel